Dans le Jura, impossible de parler du Savagnin sans évoquer les saveurs locales – celles qui, depuis des siècles, partagent la table des vignerons.
Comté : la rencontre quintessentielle
On ne le répétera jamais assez : le Savagnin et le Comté s’appartiennent. Le Comté de 24 à 36 mois, à pâte friable, développe des arômes de beurre, de noisette, parfois de fruits secs élégants. Une étude de l’INRA Dijon (2017) a démontré que les notes de noix et d’umami amplifient la sensation de complexité aromatique lors d’un accord avec le Savagnin élevé sous voile.
L’accord fonctionne car :
- L’acidité du vin épouse le gras du fromage, ce qui équilibre la bouche.
- Les arômes de pâte cuite (Comté) et ceux de réduction contrôlée (voile) créent une harmonie rare.
- Le salin naturel du fromage prolonge la finale du vin.
Volailles à la crème et morilles : douceur et intensité
La poularde de Bresse sauce aux morilles, classique jurassien, s’impose comme une évidence. Pourquoi :
- Le vin taille à vif la richesse de la sauce, tout en soulignant la subtilité du poulet fermier.
- Les morilles et le vin se répondent sur des notes de champignon, d’épice douce, de noix, de sous-bois.
- L’umami des morilles trouve un écho parfait dans le registre profond du Savagnin élevé sous voile.
Compter un Savagnin de 6 à 8 ans pour une viande à la crème bien corsée.
Poissons de lacs et de rivières : un accord minéral
- Truite au vin jaune
- Omble chevalier poché, sauce citronnée
- Sandre rôti et beurre noisette
La pêche jurassienne offre de véritables joyaux. Avec leurs chairs fines, ces poissons s’accordent avec les Savagnin ouillés, plus droits, frais, incisifs. L’iode et la minéralité du vin soulignent la pureté du poisson, rappellent les schistes et marnes de Château-Chalon ou de Pupillin (source : Revue du Vin de France, 2023).