Planter du Trousseau, c’est jouer avec le climat jurassien, qui sait se montrer déroutant. Les épisodes de gel, précipitations au printemps, et brusques remontées de chaleur sont autant de pièges pour ce cépage tardif.
Gels de printemps : une épée de Damoclès
Une étude météo (source : Météo France, 2022) confirme que le Jura a connu des gels printaniers sévères en 2017, 2019, 2021, avec des températures descendant jusqu’à -5°C en avril. Or, le Trousseau, qui débourre un peu plus tard que le Poulsard mais fleurit quasi-simultanément, n’est pas toujours épargné. Quelques nuits froides suffisent à compromettre une récolte, surtout quand les bourgeons sont déjà lancés. En 2021, certains domaines ont perdu jusqu’à 60% du volume attendu.
Pluie & humidité : des risques accrus de maladies
Le Jura reçoit en moyenne 1 000 à 1 300 mm de pluie par an (source : Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique) : une bénédiction en période de sécheresse, mais un vrai casse-tête à la floraison, quand la pluie favorise le mildiou, l’oïdium, et surtout la pourriture grise. Le Trousseau, à la peau fine et à la grappe aérée, peut être victime de botrytis sur une seule journée de pluie en fin de maturité.
Maturité sous tension
Le Trousseau réclame impérativement chaleur et lumière. Les meilleures années sont celles des étés longs et réguliers. Mais les vendanges, parfois décalées fin septembre voire début octobre, exposent la vigne à l’habituelle fraîcheur automnale jurassienne. On récolte parfois en urgence, “avant que la pluie ne ruine ce qui reste d’espoir”, me confiait un ancien d’Arbois.