Il y a dans le Jura davantage qu’ailleurs une perméabilité entre langue, identité et vigne. Les anciens, lorsqu’ils parlent de leur vin « Ploussard de chez nous », perpétuent un attachement familial, presque tribal au cépage — à l’image des familles de vignerons où l’on ne « discute pas » la coutume. De nombreux domaines (Pierre Overnoy, Domaine de la Borde, domaine Renaud Bruyère, etc.) revendiquent sur leurs cuvées l’orthographe Ploussard pour marquer leur ancrage à Pupillin et Arbois.
- La fête du Ploussard, organisée chaque année depuis 1991 à Pupillin (Source : commune de Pupillin) : affiche le nom « Ploussard » en lettres de sang violet, célébrant la diversité linguistique et l’esprit frondeur du Jura.
- Pour les générations récentes : garder « Ploussard », c’est dans une certaine mesure résister à la standardisation, entretenir une part de mystère et d’exotisme local.
Selon le linguiste J.G. Perrenot (« Parlers du Jura », Éditions Sutton, 1999), cette prédilection pour le « Pl » de Ploussard fait partie du substrat franc-comtois, et d’une habitude très ancienne, qui remonterait aux premières immigrations de viticulteurs suisses. Le nom du cépage, alors, n’est pas seulement une étiquette, mais le symbole d’une fidélité au sol et à la mémoire familiale.