Essayer de cerner le mystère du Savagnin, c’est toucher du doigt la singularité du Jura : cette capacité à conjuguer l’ombre et la lumière, l’histoire vive et l’invention, la patience et l’audace. Le Savagnin n’est jamais à la mode ; il est le nerf minéral et l’âme de toute une civilisation du vin. Qu’on le goûte ouillé sur un fil de fraîcheur, ou non ouillé dans le vertige oxydatif du vin jaune, il raconte à chaque verre la verticalité du paysage jurassien, la force des coteaux, et l’intelligence des vignerons qui le gardent vif.
Ce cépage rare n’a pas fini de révéler ses nuances, à condition de continuer à respecter les gestes qui l’ont fait naître : humilité devant le sol, exigence face au temps, écoute patiente des murmures de la vigne. Ou, pour dire les choses autrement : seul le Savagnin pouvait donner au Jura ce visage si singulier, nulle part ailleurs reconnu – et c’est ce qui fait toute sa beauté.
Sources : Comité Interprofessionnel des Vins du Jura (https://www.vins-jura.com), INRAE, Université de Bourgogne, INAO, Revue du Vin de France, travaux de Jean-Louis Escudier (INRA), Jean-Pierre Garcia.