Un cépage exigeant qui fuit la fraîcheur excessive
Le trousseau n’est pas un cépage facile. À la différence du poulsard, précoce, il débourre plus tard et exige chaleur et lumière pour arriver à pleine maturité (Cepdivin ; Fédération des Vins du Jura). Il n’est donc guère heureux sur les marnes humides qui gèlent tard au printemps et retiennent le froid automnal.
- Cycle végétatif : Le trousseau a besoin de 120 à 140 jours entre débourrement et vendange, soit environ 2 semaines de plus que le poulsard (source : BNIC).
- Sensibilité aux maladies : Le trousseau craint le botrytis, les pourritures, et les excès d’eau. Les graves, hautement drainantes, limitent ce risque.
- Les galets accumulent la chaleur du jour et la redistribuent la nuit, favorisant une maturation homogène des baies.
Terroir et typicité aromatique : la patte des graviers
Paradoxalement, les sols graveleux, pauvres en matière organique, forcent la vigne à s’approfondir, à chercher la ressource. Moins de vigueur végétale, mais une concentration accrue dans le raisin. Les anciens l’avaient vu : “Où la pierre est présente, le vin chante avec plus de couleurs”, disait Pierre Overnoy.
Les trousseaux issus de ces parcellaires délivrent :
- Des arômes plus intenses de fruits noirs, de griotte, d’épices douces et parfois de violette.
- Une trame tannique soyeuse mais affirmée, avec parfois une pointe saline ou “caillouteuse” en finale (source : La Revue du Vin de France – dossier Jura, 2020).
- Une concentration naturelle sans lourdeur, une fraîcheur préservée.
Le meilleur exemple reste la micro-cuvée “Les Graviers” de Stéphane Tissot, dont chaque millésime est une leçon d’équilibre, alliance de la maturité et de la vivacité minérale.