Sur son éperon rocheux, Château-Chalon n’assemble pas : ici, seul le Savagnin est admis, et sous une seule identité : le Vin Jaune. Ce terroir de 45 hectares, protégé et choyé comme un secret, voit éclore les plus purs représentants du style oxydatif sous voile.
- Terroir : marnes bleues du Lias — donne une puissance et une persistance remarquables.
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Rendements très faibles : souvent moins de 30 hl/ha, là où la réglementation plafonne à 45 hl/ha. De nombreux producteurs accompagnent la typicité par une sélection massale stricte.
Le Vin Jaune de Château-Chalon ne quitte jamais son fût — et la cave — avant les fameux 6 ans et 3 mois, un chiffre “magique” fixé par décret. Le voile, composé majoritairement de Saccharomyces cerevisiae (source : INRA), tient ici plus longtemps que dans tout autre terroir. La bouteille, appelée clavelin (62 cl), rappelle que le vin perd près de 38 % de son volume durant l’élevage.
Aromatiquement, ce cru livre la plus intense palette : noix verte, curry doux, écorce d’orange, cire d’abeille, silex mouillé.
Moments-clés de la vinification à Château-Chalon
- Pressurage traditionnel, léger rebêchage (chapeau de marc humidifié pour éviter l’oxydation avant entonnage).
- Débourbage, puis entonnage dans des fûts anciens (jamais neufs).
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Élevage sous voile dans les caves historiques, fraîches (12–15 °C) et légèrement humides. Pas de soufre ajouté lors du vieillissement sauf à la mise en bouteille.
Ici, la notion de “millésime” est capitale : lors d’années pluvieuses, le vin peut être déclassé en Côtes du Jura Savagnin. Ludique clin d’œil local : la “percée du Vin Jaune” célèbre chaque année la mise en marché des vins du célèbre clavelin.